Maison - Saint-Denis

Monument Maison

Adresse : 18 rue Jean-Chatel

Ville : Saint-Denis

Coordonnées GPS : -20.8761484177, 55.4490683184

Histoire Maison : Situé à la lisière du bourg dont il renforce la défense sur le front Ouest, protégé par les bras de la rivière la Sorgue sur trois côtés, isolé du tissu urbain par sa propre enceinte, l'ancien château seigneurial du Thor est un monument particulièrement complexe. L'édifice originel est indissociable de l'enceinte urbaine fortifiée sur laquelle il appuie ses façades ouest et sud : même appareil de petits moellons appareillés en opus spicatum, même enduit à faux-joints creux assisés. Sa construction peut remonter à l'extrême fin du XIIe siècle ou plus probablement à la première moitié du XIIIe siècle. Au cours des siècles suivants (XIVe ou XVe siècle), il est agrandi, surélevé, ses défenses renforcées et modernisées (archères, mâchicoulis...), ses planchers mis en place. Le XVIe siècle ajoute un bâtiment de dépendances, la ferme, le XVIIe siècle un escalier rampe sur rampe, bien documenté par un prixfait (1629). Le XVIIIe siècle voit une importante mise au goût du jour du château, conduite en deux étapes princi-pales : 1723-1726 (nombreux prixfaits) et vers 1770. On restaure l'ensemble, on ouvre la cour intérieu-re, jusqu'alors fermée et entourée de galeries sur arcades, et on reconstruit les façades vers la ville. Au XIXe siècle, l'édifice change de fonction, devient usine à soie (rez-de-chaussée) et à plâtre (bâti-ment construit en 1846 à l'arrière) ; les étages sont réaménagés et décorés dans le goût Napoléon III. L'ensemble actuel conserve en partie son apparence fortifiée : murs d'enceinte à chemin de ronde, mâchicoulis (pour la plupart refaits en 1723 et sans fonction défensive réelle), ici une archère cruciforme, là une canonnière... Les bâtiments se répartissent autour d'une grande cour, obtenue par la réunion au XVIIIe siècle de l'avant-cour et de la cour centrale : au sud-ouest, sur plan en L complété par une aile plus courte et plus basse au nord, le château proprement dit, comportant rez-de-chaussée, deux étages et un comble ; au nord-est l'ancienne ferme ; au sud-est le bâtiment des écuries et remises. Produit de nombreux remaniements et adaptations, le château du Thor ne présente pas le caractère homogène de certains grands châteaux médiévaux de la région. Son intérêt est cependant multiple. Il tient d'abord au témoignage porté sur la longue histoire d'une importante demeure du Comtat Venaissin, de la fortification médiévale à la résidence seigneuriale du XVIIIe. Certains détails sont à cet égard significatifs, comme ce goût pour les mâchicoulis, qu'on n'hésite pas à refaire en nombre en plein XVIIIe siècle (symbole de puissance et de rang social sans doute ?), à une époque où, ailleurs en Provence, on adopterait plus volontiers un répertoire classique. Il est également dû à la place dans le contexte urbain et surtout à la préservation d'éléments authentiques, tenant aux matériaux (opus spicatum...), à leur mise en oeuvre (enduits anciens probablement médiévaux, marques de tâcherons...), aux structures (piliers porteurs de la ferme, ensemble de plafonds médiévaux conservé dans le château...), secondairement aux décors. La datation dendrochronologique effectuée en 2011, confirme une construction du milieu du 13ème siècle. L'allée - probablement plantée de 40 platanes dès l'origine - a été créée au sud du château, entre 1839, date de la réalisation de la route royale traversant le Thor, et 1846. Cette allée était vouée à l'origine à la promenade, comme en témoignent les bancs de pierre encore en place. On y accédait depuis la cour du château par une porte percée à la même époque dans le mur de courtine sud, et par un petit pont en pierre, enjambant la petite sorgue, situé à l'ouest du château. Des prairies s'étendaient à l'ouest et au sud du château tandis que le jardin d'agrément était situé à l'est, vers la ville, il était pourvu d'un jeu de paume jusqu'en 1813. Elle devint une voie d'accès vers le château, seulement à partir de 1865, date de la construction d'un pont en pierre dans son prolongement. Cette nouvelle communication permettait en priorité de desservir l'usine à plâtre par des voitures attelées, et de manière secondaire d'aboutir à la cour d'honneur du château. Cette allée plantée, qui marquait fortement l'axe sud du château, n' a pas été conçue comme souvent dans l'esprit des châtelains, pour affirmer un pouvoir ou son prestige, mais d'abord pour son agrément comme lieu de promenade, puis pour des raisons pragmatiques, en désenclavant l'usine.

Date : 4e quart 18e siècle

Protection : Maison principale, terrasse et ancienne cuisine (cad. AD 238) : inscription par arrêté du 21 mars 1996

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